L’anxiété, le doute et moi
COMITÉ DE RÉDACTION
Corédigé avec la participation du Dr John Esdaile, (directeur scientifique émérite, Arthritis Research Canada), et de Dawn Richards, bénévole et vice-présidente, Alliance canadienne des arthritiques
Se débarrasser du fardeau émotionnel imposé par la PR : tout commence par vous.
Oui, je l’admets. Je suis récemment allée voir un psychologue, parce que les symptômes physiques de la PR n’étaient que la pointe de l’iceberg. Parallèlement aux symptômes physiques douloureux, un brouillard obscur envahissait mon esprit, prêt à m’engloutir tout entière.
Des phrases comme « Je ne suis pas assez bonne » et « Je ne pourrai jamais y arriver » (traduction : « Je suis un échec ambulant ») tournaient en boucle dans ma tête et se sont transformées en réalités. Elles étaient constamment présentes dans mon esprit, prêtes à bondir. Le doute de soi est un adversaire puissant. Il vous connaît de fond en comble et attaque lorsque vous êtes le plus vulnérable. Parfois, il vous nargue avec une pointe d’incertitude de la taille d’un caillou. D’autres fois, il vous écrase d’un gigantesque rocher d’hésitation, essayant de détruire l’image que vous avez de vous-même, laquelle détient un pouvoir énorme sur votre capital de bonheur et de joie. Jour après jour, les personnes atteintes de PR sont confrontées à des défis physiques et émotifs redoutables et démoralisants, par exemple1-3 :
- La perte de contrôle, qui se traduit notamment par des limites au travail et la perte de la capacité à vaquer à ses activités quotidiennes à sa guise1,2.
- Le sentiment d’exclusion ou de limite par rapport aux activités sociales réalisables, soit en raison de l’accessibilité de certains endroits, du fardeau que représente l’imprévisibilité des symptômes ou de la fatigue constante1,2.
- Les préoccupations liées à la stigmatisation et à la discrimination; en plus de devoir surmonter d’autres défis, les personnes atteintes de maladies chroniques comme la PR sont souvent traitées de façon inégalitaire à cause des préjugés liés à leur maladie3.
Dites-vous que la situation n’est pas désespérée. En ce qui me concerne, les choses ont commencé à s’améliorer lorsque j’ai sollicité de l’aide professionnelle. Le fait d’avoir le courage d’être complètement ouverte et honnête avec une personne neutre m’a permis de baisser les armes et d’explorer mes angoisses. Cette personne ne portait aucun jugement et ne souhaitait que m’écouter, me permettant d’aborder et de surmonter les sentiments négatifs que je gardais pour moi, qui me tourmentaient si souvent. Ensemble, nous avons pu établir une liste de choses réalisables que je pouvais faire pour m’aider à vaincre mon angoisse.
J’ai découvert quelques conseils qui m’ont permis de lutter contre le doute et de renforcer ma confiance en moi. Ces conseils pourraient aussi vous être utiles :
- Arrêtez de comparer vos réalisations à celles de vos amis et de vos collègues. Gardez en tête que tout le monde doit mener ses propres batailles et que les réalisations des personnes qui vous entourent ne sont pas un point de repère pour évaluer votre propre succès.
- Essayez de moins vous préoccuper de ce que les autres pensent de vous. Cela peut vous empêcher de réaliser des exploits potentiels pour vous-même.
- Ciblez les personnes qui vous offrent le plus grand soutien et concentrez-vous sur ces relations. Parfois, tout ce dont nous avons besoin, c’est d’un peu de réconfort et d’une bonne écoute. Misez sur vos amis, les membres de votre famille et vos pairs qui ont toujours été là pour vous.
- Prenez une pause. Si vous vous sentez submergé par vos émotions ou par une situation qui vous paraît insurmontable, prenez le temps de vous détourner de ces émotions et concentrez-vous sur quelque chose de totalement différent.
- N’oubliez jamais de prendre soin de vous d’abord et avant tout. Assurez-vous de vous reposer lorsque vous vous sentez épuisé. L’épuisement peut devenir oppressant et mener à un niveau de stress et d’anxiété encore plus élevé. Soyez patient. Demandez à quelqu’un de vous aider avec vos tâches ménagères; faites participer votre partenaire, vos enfants et vos amis.
- Informez-vous le plus possible sur la PR pour sentir que vous contrôlez mieux la situation. Le fait de mieux connaître la maladie peut éliminer la peur de l’inconnu, ce qui peut ensuite aider à réduire l’anxiété.
Avec le soutien d’un professionnel de la santé et en intégrant ces conseils dans ma vie de tous les jours, je suis en très bonne voie de sentir que je contrôle la PR et non l’inverse.
Références :
- Ryan S. Psychological effects of living with rheumatoid arthritis. Nursing Standard 2014;29(13):52-59.
- Alliance canadienne des arthritiques. Inflammatory arthritis education series: Coping with your arthritis. Consulté le 22 septembre 2020 au : http://arthritispatient.ca/emotionally-coping-with-your-diagnosis/?hilite=%27coping%27%2C%27your%27%2C%27arthritis%27 .
- Article du numéro mensuel de JointHealth™ sur la discrimination envers les personnes atteintes d’arthrite [Internet]. Jointhealth.org. 2017 [cité le 18 avril 2017]. Accessible au : http://jointhealth.org/programs-jhmonthly-view.cfm?id=42&locale=fr-CA.